Normale saisonnière

RAOUL_QUEIROSAuteure
Sofia Queiros
Collection « présent (im)parfait »
Prose poétique
88 pages, 12 x 15 cm
Parution : juin 2014
ISBN : 978-2-917751-42-8 / 13 euros
Publié avec le soutien de la région Bretagne et du Centre national du livre
Présentation du livre
Normale saisonnière, c’est d’abord la banalité du quotidien, pourtant fait d’intimes et profondes violences… Des notations météo en ouverture de chaque page donnent le la, en quelque sorte – qui ont été entendues en anglais comme une petite musique d’accompagnement, comme la bande son de ce qui se déroule dans ces pages. Comme la météo que l’on entend sans l’entendre et qui imprègne cependant nos journées – et alimente nos conversations de rien… Ces notations sont bien le reflet d’une météo intérieure en butte à la réalité qui, bien que normale, de saison, ne peut pas l’être, normale, quand il s’agit des derniers moments du père, de la mort, de la solitude, l’enfance et la vieillesse, de l’attente amoureuse aussi bien…
Par un décalage constant avec la réalité qu’elle observe, ou plutôt ressent, un décalage de peu, juste une petite distorsion (emploi d’un vocabulaire jouant dans plusieurs directions, syntaxe malmenée…), Sofia Queiros introduit dans la phrase tout un monde onirique qui sauve du quotidien et le transfigure comme comptines à chantonner – devant la peur.
Une « chronique » d’une grande pudeur qui part d’un « elle » mais se laisse gagner par le « je », avec cette remarque qui est peut-être à la clé de toute écriture : « À la question qui est-elle. Je réponds que je ne sais pas. »



«
 Chaque texte de chaque page est précédé d’une prévision météorologique en anglais (toutes sont traduites en fin de volume). Le temps qu’il fait (ailleurs) accompagne notre lecture du temps qui passe (ou qui passait). Riens : petites touches bout à bout, tricot d’une grammaire qui change imperceptiblement les règles en touchant l’ordre des mots d’abord. Ces riens rejoignent sans tapage le poème. […] L’enjeu [est] plutôt en chaque dérapage. De langue, de pronom (je vers elle vers on vers rien). Entre la norme, la moyenne et le temps. Où le pronom identitaire et saturé avoisine les glissements sémantiques et la langue égarée en ses expressions dont le sens n’est plus très sûr. Peau de banane. Rien n’est fiable. »

Isabelle Lévesque, Terres de femmes, 12 décembre 2014